Le Touat est une région saharienne située dans le sud-ouest de l’Algérie actuelle. Peu propice à l’installation des hommes, elle possède cependant des ressources hydrauliques qui ont permis le développement de cités oasiennes souvent fortifiées, les ksour. À partir du XIIIe s., ces ksour devinrent le passage obligé où se rencontraient les pistes venant de l’Afrique du Nord en direction de l’empire du Mali puis de celui des Songhaï. Écrire l’histoire de cet espace façonné au gré des flux migratoires et pétri des cultures berbère, africaine et arabe qui s’y sont rencontrées, permettra de comprendre l’articulation du bassin méditerranéen à l’Afrique sub-saharienne en sortant du seul prisme d’une analyse basée sur le postulat exclusif d’une exploitation du sud par le nord.
Les difficultés de la pénétration saharienne par les armées françaises et le conflit latent avec le Maroc sur la question du rattachement de cette région à l’Algérie, expliquent que le Touat n’ait fait l’objet que d’une infime production scientifique à l’époque coloniale. Ce quasi vide historiographique a contribué au désintérêt général dont elle est restée victime jusqu’à aujourd’hui. Il existe pourtant des sources nombreuses susceptibles d’éclairer notre connaissance de ce carrefour saharien. Le Touat possède nombre de bibliothèques privées (khizânât) qui renferment des trésors manuscrits restés inexploités. Parmi ces textes beaucoup de productions régionales (recueils de jurisprudences, chroniques, récits de voyage, ouvrages hagiographiques et recueils de biographies). Les vestiges matériels sont également nombreux : plusieurs anciens ksour attestent de l’organisation de cette société rurale insérée dans les réseaux marchands et savants qui traversaient le Touat. La tradition orale enfin, d’une extrême richesse, véhicule discours sur les généalogies et récits historico-légendaires sur le rattachement des tribus à l’histoire orientale, maghrébine et africaine.
Les recherches éparses soulignent la nécessité d’exhumer et de confronter les différentes sources disponibles sur cet espace faussement insulaire, à la croisée des routes sahariennes.
C’est l’objectif premier de ce projet, qui envisage à la fois l’histoire locale des communautés rurales oasiennes et l’histoire globale du Maghreb médiéval et moderne comme trait d’union entre Méditerranée et Afrique.
Quatre axes structurent nos investigations :